En 1958 et en 1968, deux pandémies, la grippe asiatique puis la grippe de Hong Kong, ont fait respectivement 100 000 et 30 000 victimes dans notre pays, débordant de manière dramatique nos services de santé sans que l’histoire en ait pourtant gardé grande trace. Aujourd’hui, Pandore tente de refermer sa boite et Prométhée a mal à la gorge : la technique dans laquelle nous avions foi a été mise en échec par l’un des plus petits organismes vivants : un virus de 200 nanomètres de diamètre. Nous n’avons sans doute pas un plus grand souci de la vie qu’il y a 50 ou 60 ans mais nous avons cru que nous étions maitres de nos vies (jusqu’à choisir notre sexe, fabriquer nos enfants ou décider de l’heure de notre mort….) et la découverte brutale de notre universelle faiblesse et de notre dépendance nous transforme en enfants apeurés. La presse ne titre plus sur « L’homme augmenté » mais, et de manière unanime, sur « Quelles issues pour la crise ? »
Si nous cherchons un sens à tout cela, nous, chrétiens, avons la chance de pouvoir nous tourner vers le trésor de la Parole de Dieu.
Vous connaissez ce court dialogue de Jésus avec ses disciples :
« Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui » Jn 9,2. Cet échange prend une résonnance particulière dans le temps de pandémie que nous vivons. En effet, comment les œuvres de Dieu peuvent-elles se manifester à travers le handicap, la maladie et la souffrance ?
C’est pourtant ce que nous avons sous les yeux en ce moment. La pandémie du coronavirus porte une ombre de souffrance et de douleur sur le monde entier. Mais elle est aussi accompagnée d’une trainée lumineuse : les armes se sont tues, la traite des êtres humains régresse, le recours à l’avortement diminue en France, le trafic de drogue décroit dans les banlieues, l’addiction consumériste s’apaise, le Hellfest, Solidays et les Gayprides sont annulés, des trésors de solidarité et de dévouement sont mis en œuvre, priorité est donnée à la protection de la vie, des soignants, des prêtres prennent des risques pour prendre soin des corps et des âmes… L’œuvre de Dieu se manifeste !
A Pâques, Dieu tire un bien du pire mal qui ait été commis. Il nous invite à l’accompagner dans ce passage. Quels biens pouvons-nous, nous aussi, porter à travers ces jours de confinement, d’ennui, d’angoisse pour nous et nos proches, de deuil ?
Nous, AFC, avons un trésor : des familles organisées entre elles, solidaires et partageant une même vision de la société fondée sur la Doctrine Sociale de l’Eglise. Que faisons-nous, de notre mouvement, de cet atout ? Comment le faisons-nous servir au « meilleur Bien » ?
A Pâques, la vie sourd de nouveau et de toutes parts dans l’abondance de la miséricorde divine. Il est grand temps de sortir de notre sommeil et de nous lever à notre tour ! Allez, il est temps de sortir nos agendas et de nous organiser pour faire ensemble des projets pour porter la voix de la famille, la promouvoir et la servir.
Aujourd’hui, « la charité du Christ nous presse » ! 2 Co 5, 14
Joyeuse fête de Pâques !
Pascale Morinière
Présidente des AFC