Dimanche dernier, en entrant dans la Semaine Sainte, tous les catholiques ont prié à la suite de Jésus au moment de sa Passion avec le psaume 21 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »

J’avoue  que  cette  interrogation  n’a  cessé  de  monter  en  moi  depuis  des  semaines  devant l’accumulation des scandales en tous genres qui ont surgit en ma famille l’Eglise en ce 21ème s  débutant. J’ai eu les yeux embués d’horreur en entendant les victimes dénonçant avec raison les crimes commis par des frères-prêtres. J’ai sorti plusieurs fois mon mouchoir devant les scènes retransmises au cinéma pour permettre que la parole se libère. Devant l’effroi et les interrogations de mes paroissiens, j’ai tenté d’inviter à l’Espérance expliquant que rien de ce qui était vrai, grand et beau dans la relation interpersonnelle avec le Christ ne pouvait disparaître. Lui et lui seul a les Paroles de la Vie éternelle !

Ce lundi 15 avril, j’étais en réunion lorsqu’à commencé à circuler la nouvelle du feu qui embrasait Notre Dame. Une paroissienne a la foi solide s’est écriée en larmes : « ça suffit…on en peu plus…on est encore touché ». Il fallait que son émotion s’exprime ! Remontait en moi sans cesse cette même prière : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi nous as-tu abandonné ? » alors que mon smartphone ne cessait de vibrer devant les alertes d’informations plus dramatiques les unes que les autres. La rencontre quelque peu raccourcie,  après  avoir  sonné  le  glas  pour  que  les  habitants  du  quartier  s’unissent  comme  ils  le pouvaient à notre intercession, je suis allé vers Notre Dame avec un confrère. J’avoue j’ai pleuré devant ce que je n’arrive pas à appeler le « spectacle ». « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » . Des larmes devant ces flammes gigantesques et ce monument défiguré. Que d’intenses moments sont revenus à ma mémoire : Etudiant j’ai été guide l’été à Notre Dame…c’est là que j’ai été ordonné prêtre…c’est pour servir la Gloire de Dieu que j’ai accompagné de nombreuses années le cardinal Lustiger dans les célébrations liturgiques…c’est la Maison où je retrouvais avec joie fidèles, diacres et prêtres du diocèse de Paris pour les évènements familiaux…c’est là que j’avais reçu du cardinal Vingt-Trois la mission de prier pour le diocèse au sein du chapitre .

En rentrant tard, j’ai voulu prier ce psaume 21 qui m’habitait : à nouveau j’ai repéré que si le psalmiste débute par cette terrible interrogation que nous avons entendu dans la Passion, il s’achève par la louange et l’Espérance « On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre ! »(v 30) . Ce matin en entendant que grâce à l’immense travail des soldats du feu, la structure de la cathédrale est préservée. Je rends grâce. Notre Dame de Paris comme l’Eglise en notre époque est défigurée. Notre  Dame  de  Paris  comme  l’Eglise  en  notre  époque  est  debout !  Sur  les  murs  porteurs  de  la cathédrale se trouve les croix de consécration. C’est par notre consécration à Dieu dans le baptême, que nous tenons debout. La vie est plus forte que la mort. « Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. »Ps 21,31 . Telle est notre grande mission.

Denis Metzinger
Chanoine de Notre Dame de Paris.
Conseiller spirituel AFC-Paris